Puisque,
par le jeûne des quarante jours, nous sommes en quelque sorte crucifiés
nous aussi, morts aux passions, et que nous ayons une sensation
d'amertume à cause de notre négligence ou de notre découragement, voici
qu'est exposée la vivifiante Croix, comme pour nous ranimer et nous
soutenir, nous encourager en nous rappelant les Souffrances de notre
Seigneur Jésus Christ. Si notre Dieu S'est laissé crucifier pour nous,
que ne devons-nous point faire pour lui? Et nous allégeons nos peines en
les comparant à celles de notre Maître, ainsi que par le souvenir et
l'espérance de la gloire qui se mérite par la Croix. De même, en effet,
que notre Sauveur, après être monté sur la Croix, fut glorifié par cette
déshonorante et amère situation, de même nous faut-il nous
comporter nous aussi, afin d'être glorifiés avec Lui, pour avoir
souffert quelque chose de désagréable. D'autre part, tout comme ceux
qui, ayant encore un long et rude chemin à parcourir et se trouvant
épuisés par la fatigue, s'ils trouvent ombre et fraîcheur sous le
feuillage d'un arbre, s'y assoient pour se reposer un peu et, comme
régénérés, parcourent le reste du chemin, ainsi maintenant, au milieu de
ce temps de carême, de cette pénible course et de ce parcours
difficile, les Saints Pères ont planté la vivifiante Croix, qui nous
procure fraîcheur et repos, et qui soulage les voyageurs fatigués, les
rendant légers et alertes pour la suite de leurs peines. Ou bien, comme
cela se produit pour la venue d'un roi, lorsque le précèdent ses
étendards et ses sceptres, et qu'il vient ensuite lui-même, dans la joie
et l'allégresse de sa victoire, que partagent également ses sujets, de
même aussi le Christ notre Seigneur, devant
bientôt montrer Son triomphe sur la mort et S'avancer avec gloire au
jour de Sa Résurrection, envoie en avant Son sceptre, Son royal
étendard, la vivifiante Croix, pour nous inviter à nous tenir prêts, à
Le recevoir comme Roi et à l'acclamer au cours de Son triomphe
resplendissant. Et, en cette semaine qui se trouve au milieu du Carême,
parce que le Saint Carême est comparé aux eaux de Mars, à cause de la
contrition, du découragement et de l'amertume qui sont en nous par suite
du jeûne, ainsi donc qu'au milieu de ces eaux le divin Moïse jeta le
bois pour les rendre douces, ainsi également Dieu, qui nous a sauvés en
esprit de la mer Rouge et du Pharaon, par le bois de la précieuse et
vivifiante Croix adoucit l'amertume d'un jeûne de quarante jours et nous
console pour cette nouvelle traversée du désert, jusqu'à ce que nous
arrivions à la mystique Jérusalem, par SaRésurrection. Et, puisque la
Croix est pour nous, comme on dit,
l'arbre de vie et que cet arbre se trouvait planté au milieu du Paradis
de l'Eden, les très-Saints Pères ont eu raison de planter le bois de la
Croix au milieu du Saint Carême, puisqu'ils y commémorent l'avidité
d'Adam, en même temps qu'ils nous décrivent comment elle fut annulée par
ce nouvel arbre; car, y ayant goûté, nous ne mourons pas, mais sommes
vivifiés.
aaaPar
Sa puissance, ô Christ notre Dieu, garde-nous des ruses du Mauvais,
rends-nous dignes de nous prosterner également devant Ta Divine Passion
et Ta Vivifiante Résurrection, après avoir parcouru le stade des
Quarante jours, et prends pitié de nous, dans Ton unique bonté et Ton
amour pour les hommes
https://www.theamericanconservative.com/dreher/the-rose-and-the-cross/
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