domenica 22 aprile 2018

23 aprile Santi di Francia


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Saints FELIX, prêtre, FORTUNAT et ACHILLEE, diacres, fondateurs de l'Eglise de Valence en Dauphiné, martyrs sous Caracalla (212).


Saint Felix, saint Fortunat et saint Achillée, martyrs et fondateurs de l'Église de Valence en Gaule. Ils y avaient été envoyés par saint Irénée de Lyon et leurs exploits apostoliques entraînèrent leur arrestation, puis leur martyre.
Les actes qui nous les décrivent sont surtout le fruit de la ferveur populaire.
"Les saints martyrs Félix, prêtre, Fortunat, et Achillée, diacres, sont considérés comme les fondateurs de l'Église de Valence, à l'initiative de Saint Irénée de Lyon, vers les années 180.





Sainte PUSINE, soeur des saintes Lindrue, Emma, Houe, Francule et Menehould, vierge consacrée en Champagne, disciple de saint Alpin, évêque de Châlons-en-Champagne (Vème siècle)

Saint ELIAW ou HILLION, ermite, fondateur de paroisse en Bretagne (VIème-VIIème siècles).
 





Saint GERARD, natif de Cologne en Rhénanie, prince-évêque de Toul en Lorraine (994).
Bien qu'il vécut à une date tardive, son orthodoxie est prouvée par le fait qu'il attira à lui des moines grecs et irlandais, et qu'il créa un choeur qui chantait en grec, ce qui n'était pas neutre dans le contexte où se préparait le schisme

Entre tous les Evêques de Toul, Saint Gérard brille d'un éclat particulier; son épiscopat domine avec grandeur dans le lointain des âges et son nom s'est d'autant mieux popularisé que les principaux monuments qui encore aujourd'hui ornent la ville de Toul et par lesquels elle conserve quelque importance, sont dus à son inspiration et à sa générosité. La ville de Cologne fut le lieu de la naissance de Saint Gérard. Son père Ingramme et Emma sa mère y tenaient un des premiers rangs. Sa vertueuse mère lui inspira de bonne heure la Crainte de Dieu, l'amour des Saints Autels et modèle de piété elle-même, elle lui en persuada la pratique par l'autorité de ses exemples. Comme il semblait appelé à l'état ecclésiastique, ses parents le firent entrer dans la communauté des clercs qui desservaient la cathédrale de Cologne et qui suivaient la Règle des Chanoines réguliers. Sa mère rappelée à Dieu d'un coup de foudre, il imputa ce malheur à ses propres péchés et redoubla ses macérations; il en agit de 15 même pour une faute qu'il commit par inadvertance dans son office de cellérier. Les austérités, les veilles, la psalmodie et les humiliations furent ses pratiques ordinaires depuis son entrée dans ce Chapitre jusqu'à l'âge de vingt-huit ans où il en sortit. Plus il cachait ses mérites, plus ils éclataient : il était connu dans toute la Germanie et l'empereur l'estimait beaucoup. Après la Naissance Céleste de l'Evêque Gauzelin de Toul (963), Gérard fut élu pour lui succéder par l'Archevêque Brunon de Cologne, à la fois Duc de Lorraine et premier ministre de l'Empereur Othon, son frère. Il ne se soumit à cette élection que par pure obéissance. Sacré à Trèves en 963, il fut reçu la même année dans la ville de Toul comme l'Ange tutélaire de la province au milieu des acclamations du peuple. Malgré les fatigues de l'épiscopat, il ne renonça jamais ni à ses austérités ni à ses pénitences accoutumées. Chaque jour il récitait treize "heures canoniales," joignant l'Office des Moines à celui des Chanoines. Il se faisait lire l'Ecriture Sainte pendant qu'il était à table et même au lit afin d'avoir l'esprit occupé de Saintes Pensées tant que le sommeil le laissait libre. Cette dévote pratique fut si agréable à Dieu qu'Il l'approuva par un Miracle. Une femme avait mis une chandelle allumée sur l'Autel de Saint-Mansuy pour y honorer les Vénérables Reliques de ce premier Evêque et le sacristain s'étant retiré dans sa chambre pour y prendre son repas sans éteindre la chandelle, la flamme se communiqua aux ornements de l'Autel. Elle menaçait l'église d'un incendie; Saint Gérard connut par Révélation ce danger et dit au clerc qui lisait devant son lit de courir à l'église de Saint-Mansuy pour y éteindre le feu et de reprendre le sacristain de sa négligence. L'on conserva longtemps l'ornement qui portait les marques du feu comme un signe de sa Sainteté qui en avait arrêté le cours par ses prières. S'il parfois interrompait la prière, la lecture de l'Ecriture Sainte et de la Vie des Saints qui remplissaient ses jours, c'était pour prêcher la Divine Parole ou pour remplir d'autres devoirs indispensables de son ministère. La Belgique n'avait pas alors d'Evêque qui égalât notre Saint dans le talent de la chaire. Aussi, ne se contenta-t-il point de prêcher dans sa ville épiscopale : il alla fréquemment dans les paroisses voisines pour distribuer au peuple le pain de la Parole de Dieu. Les Evêques de Toul étaient alors en même temps les souverains temporels du diocèse, prémices des dérapages césaro-papistes des "princes-évêques" aux mains ensanglantées, comme on en verra beaucoup dans nos régions à partir du siècle suivant. La confusion entre pouvoir spirituel et temporel fut une forte tentation de tous temps et tous lieux mais c'est en Occident qu'elle culminera dans ses pires dérives. Seuls de grands et authentiques Saints qui avaient hérité malgré eux de ces fonctions indues, parviendront à en éviter les écueils. Saint Gérard de Toul est assurément l'un d'eux. Il donna d'excellentes lois à sa cité, régla la police, établit des poids et des mesures fixes. L'administration de la justice fut aussi un de ses soins importants; on montre encore de nos jours le siège en pierre sur lequel il s'asseyait pour rendre la justice aux peuples. Saint Gérard s'adjoignit son frère Ancelin pour administrer les affaires civiles dans le Comté de Toul afin de s'appliquer plus spécialement aux devoirs d'un véritable pasteur. Il cherchait les pauvres et les conduisait lui -même dans son palais pour leur laver les pieds et les faire asseoir à sa table. Le Comte, son frère, l'implorait souvent d'avoir rang parmi les conviés. Il rétablit dans les monastères la discipline qui s'affaiblissait. Il reconstruisit celui de Saint16 Mansuy et y attacha de nouveaux revenus; il fonda la Maison-Dieu, le plus ancien hôpital de Toul et lui assigna des fonds suffisants; il enrichit une foule d'églises et de monastères de son diocèse soit de ses propres deniers, soit des libéralités qu'il obtenait de l'Empereur; il fit bâtir sur un plus vaste plan la basilique de Saint-Stéphane/Etienne, cette magnifique cathédrale que nous admirons encore aujourd'hui; il construisit aussi la belle église et les cloîtres de Saint- Gengoul et y attacha une collégiale. En récompense de tant d'actions qui avaient en vue la Gloire de Dieu et de la Foi chrétienne, Saint Gérard obtint le don des Miracles. Les affaires de son Eglise le pressant d'aller à la cour de l'Empereur Othon II, il partit de Toul et s'embarqua sur la Moselle aux pieds des murailles de cette ville. Dommartin, le clerc qui l'accompagnait dans ce voyage, voulut se laver les mains dans la rivière. Tandis qu'il s'y penchait, un reliquaire contenant une petite portion de la Vraie Croix que le Saint lui avait confiée, tomba dans l'eau et il lui fut impossible de l'en retirer. Lorsque le Saint Evêque eut heureusement terminé ses affaires à la cour, il remonta dans sa barque pour revenir à Toul. Sitôt arrivé à l'endroit où avait été perdu son reliquaire, il se mit à prier et plongea sa main dans l'eau et l'en retira. Ce Miracle surprit tous ceux qui l'accompagnaient. Lorsque Saint Gérard eut suffisamment avancé la construction de la cathédrale pour qu'on pût y célébrer le Divin Office, il résolut d'en faire la dédicace et pour rendre la cérémonie plus auguste, il y invita l'Evêque Théodoric de Metz mais Théodoric n'ayant pu s'y trouver, Saint Gérard le pria de donner à sa nouvelle église une partie d'une pierre qui avait servi au martyre de Saint Stéphane/Etienne et dont l'église de Metz était depuis longtemps dépositaire. Notre Evêque alla lui-même à Metz pour obtenir plus facilement cette Précieuse Relique. Il prit ce trésor entre les mains, le baisa et l'arrosa de ses larmes et désigna la partie qu'il en souhaitait. Dieu n'attendit pas que Théodoric eut satisfait à la demande de notre Pieux Evêque : frappée d'une main invisible, la pierre se divisa d'elle-même et la portion que Saint Gérard avait marquée de son doigt demeura dans ses mains. L'étonnement saisit les spectateurs à la vue d'un Miracle qu'ils regardèrent comme la récompense de la piété du Saint. On lui permit d'emporter dans son église cette Sainte Relique dont le Ciel semblait approuver la Translation. Les papistes la renfermèrent depuis dans une image de Saint Stéphane/Etienne donnée par Nicolas de Sane, archidiacre papiste de Toul au quinzième siècle et enrichie par Antoine, duc de Lorraine, d'une portion de la côte de ce même Saint Martyr. Ce prince vint à Toul le 20 avril 1540, accompagné des princes et des princesses ses enfants; il porta lui-même cette Sainte Relique sur l'Autel. L'Evêque Théodoric de Metz ayant bâti ou réparé le Monastère d'Epinal, voulut y honorer par une nouvelle Translation les Précieuses Reliques de son prédécesseur Saint Goëric de Metz. Il pria à cet effet Saint Gérard de faire lui-même la cérémonie comme étant l'Evêque métropolitain. On avait pour ce sujet préparé deux châsses, l'une d'argent et l'autre de fer: celle-ci devait être emboîtée dans la première mais l'ouvrier qui avait mal pris ses mesures les fit toutes deux d'une même grandeur. Cet inconvénient imprévu retarda la cérémonie. L'Evêque de Metz qui y avait invité un grand nombre de personnes illustres, se chagrinait de ce retard. Saint Gérard qui célébrait la Divine Liturgie ayant conjecturé par le bruit confus qui s'élevait parmi le peuple le sujet du chagrin de Théodoric, demanda à Dieu qu'Il honorât Son Serviteur Goëric en ôtant l'obstacle qui s'opposait à la cérémonie de la Translation de son corps. A peine Gérard eut-il achevé sa prière que ces deux châsses posées l'une sur l'autre s'emboîtèrent en un instant, la trop étroite s'étant élargie pour recevoir l'autre sans le secours d'un ouvrier. Notre Saint nourrissait un grand nombre d'Irlandais et de Grecs que la misère des temps avait 17 fait sortir de leur pays et qui attirés par la réputation de sa charité, étaient venus chercher un asile dans la ville de Toul. Il les assemblait tous les jours et les partageait en plusieurs choeurs pour chanter les Louanges de Dieu en leur langue. Il apprit que l'un de ces étrangers venait d'expirer et quoiqu'il se fût déjà retiré pour prendre son repos, il sortit, assembla ses clercs et se transporta au lieu où était le corps du défunt pour y faire les prières dont l'Eglise a coutume de se servir dans cette occasion et pour lui donner la sépulture. Il arriva alors une chose extraordinaire. Les cierges qu'on portait aux obsèques du défunt ne s'éteignirent jamais quoiqu'un vent impétueux et mêlé d'orage soufflât violemment dans le temps même que le convoi était en marche. La charité de Gérard parut si agréable à Dieu que pour la révéler Il fit un Miracle que l'auteur de sa vie a rapporté en ces termes : "Ce Saint Evêque s'était retiré avant le repas dans son cabinet pour prier selon sa coutume mais lorsqu'il s'acquittait de ce devoir, il entendit la voix plaintive de trois pauvres qui lui demandaient l'aumône. Le Pieux Evêque, touché de compassion, sortit de son cabinet et prit sur la table trois pains et quelques viandes qu'il leur tendit par la fenêtre. S'étant mis ensuite à table, il y trouva les mêmes pains et les mêmes viandes qu'il avait distribués aux pauvres. Surpris d'un événement si extraordinaire, il demanda au maître d'hôtel s'il n'avait pas remplacé ce qu'il avait donné aux pauvres. Le domestique protestant qu'il n'y avait pas touché depuis qu'on l'avait servi, on connut que Dieu avait récompensé par ce Miracle la charité du Saint Evêque et tous les assistants en rendirent Grâces à Dieu." Sous la minorité de l'Empereur Othon III, le Roi Lothaire de France entreprit la guerre par pour reprendre la Lorraine à l'Empire. Suite à cette guerre, la famine et la peste désolèrent les Toulois et c'est là que la charité et la Sainteté de Gérard parurent avec le plus d'éclat. Il se dévoua tout entier au soulagement de son peuple : il vida ses greniers, fit venir des denrées des contrées voisines et nourrit ainsi les populations jusqu'à la moisson suivante. Pour détourner le fléau de la peste et désarmer la Colère de Dieu, il ordonna un jeûne de trois jours, lequel ayant été exécuté dans un esprit de pénitence. Après ce jeûne, il assembla les paroisses de sa ville épiscopale et celles des environs et fit une procession générale où l'on portait les corps des Saints Evêques de Toul. En même temps que la procession était en marche et qu'elle entrait dans l'église de Saint- Mansuy, seize personnes de celles qui étaient à la suite rendirent leur âme au Seigneur en raison de la peste. Le peuple alarmé, craignant un sort pareil, fondait en larmes. Le Saint Pasteur armé d'une vive confiance redoubla ses prières, versa des torrents de larmes et exhorta par son exemple le peuple à s'humilier devant le Seigneur : "Il n'y a qu'une pénitence sincère qui soit capable de Le fléchir; humilions-nous lorsqu'Il nous corrige et croyons que nos péchés sont cause de ce châtiment rigoureux." Le Saint conduisit la procession dans l'église de Saint-Epvre où après s'être prosterné devant les châsses et avoir chanté sept fois les Litanies, il se leva pour entonner l'Antienne "A la voix de nos supplications." ("In voce deprecationis") Dieu Qui semblait toujours plus irrité, frappa sur l'heure même trois autres personnes de la peste, lesquelles rendirent leur âme à Notre Seigneur dans les bras du Pasteur. Cet accident aurait pu sans doute lui faire perdre courage et ralentir la ferveur de son peuple mais il ne servit au contraire qu'à aviver son zèle et à donner une nouvelle ferveur à ses prières. La persévérance de notre charitable Evêque désarma enfin l'ange exterminateur : l'air se purifia, la peste suspendit ses ravages et les éléments ne firent plus sentir leur inclémence pendant l'année. 18 A l'exemple des plus Pieux Evêques, Saint Gérard résolut de faire le voyage de Rome pour y visiter les lieux où les Saints Apôtres Pierre et Paul ont rendu témoignage au Christ par le prix de leur sang. Il choisit douze personnes entre les clercs et les Moines de son diocèse pour l'y accompagner. Cette petite troupe parut si modeste et si régulière dans sa marche que tout le monde en fut édifié. La Croix précédait les douze voyageurs qui, allant deux à deux, psalmodiaient alternativement. Le Saint Pontife fit à Paris la connaissance des Bienheureux Mayeul et Adalbert, le premier Abbé de Cluny et le second futur Evêque de Prague et Martyr que l'on fête aussi ce jour. Leur entrevue fut suivie d'un repas mais comme c'était un jour de jeûne et que selon sa coutume Saint Gérard ne buvait que de l'eau, il appela un de ses gens et lui dit à l'oreille sans qu'on l'entendît de lui en apporter. Il obéit mais cette eau qu'il venait de puiser dans la fontaine se trouva changée en vin. Le Saint crut qu'il n'avait point voulu lui obéir : il le reprit avec sa modération ordinaire mais le serviteur ayant protesté qu'il lui avait versé de l'eau et non pas du vin, Saint Gérard attribua ce Miracle aux Bienheureux Mayeul et Adalbert qui s'en défendirent à leur tour, rendant à Gérard l'honneur qu'il se dérobait par son humilité. Il reçut à Rome du clergé, des magistrats et du peuple des honneurs extraordinaires. Il en fut de même sur toute la route : les populations se pressaient autour de lui pour recevoir sa bénédiction et le conduisaient avec solennité d'une ville à l'autre. Notre Saint Evêque n'avait pas seulement reçu de Dieu le don des Miracles : il avait aussi celui de connaître ce qui se passait dans les provinces étrangères. L'auteur de sa vie nous en fournit quelques exemples; nous en choisissons un qui lui fait trop d'honneur pour ne pas le rapporter ici : Othon II avait laissé un fils de même nom pour son successeur mais comme il était fort jeune et que l'empire semblait demander un Prince qui pût gouverner par lui-même, le duc Henri de Bavière enleva le jeune Othon dans le dessein de se faire empereur. Les partisans d'Othon s'assemblèrent pour conserver l'empire au jeune Prince. Saint Gérard fut appelé à cette assemblée mais ses incommodités ne lui ayant pas permis de s'y trouver, il se contente de prier le Seigneur, si telle était Sa Sainte Volonté, de bien vouloir soutenir les intérêts de ce Prince contre les desseins de l'usurpateur et dans l'intérêt de la concorde civile : on conclut dans cette assemblée de prendre les armes; Henri de Bavière s'arma de son côté. Les deux partis en présence sur le point de livrer combat convinrent de vider le différend dans une seconde assemblée à laquelle chaque parti enverrait des députés. Après quelques contestations, les députés convinrent de laisser l'empire au jeune Othon et de donner par traité la paix à toute la Germanie. Dieu qui avait réuni les coeurs des députés par les prières de notre Evêque, lui révéla à l'heure même de la conclusion du traité l'heureuse issue de cette assemblée. Saint Gérard conversa familièrement avec ses clercs et ses domestiques devant la porte de son palais et leur dit : "La paix est faite et la tranquillité est rendue à l'Etat; le Duc de Bavière s'est départi de ses prétentions et le Prince Othon jouira de l'Empire." L'aristocratie du Toulois n'accepta pas de plein gré les règles de police et de bonne administration établies par notre Saint; elle murmurait hautement sur ce qu'il voulait rendre justice aux pauvres et empêcher les riches de les opprimer. Olderic et Richard, deux des seigneurs les plus puissants de la province, furent les premiers à faire révolter les peuples, leur insinuant que l'Evêque, sous prétexte de charité mais en réalité pour s'enrichir, les dépouillait de leurs biens. Comme il se sentait innocent, la patience de notre Saint lui fit 19 surmonter aisément la calomnie mais sa modération ne put rappeler ces opiniâtres à leur devoir; ils persuadèrent les simples que le silence de l'Evêque était un aveu de ses crimes. Gérard, craignant que la douceur n'augmentât le mal au lieu de le diminuer, crut qu'il était enfin de son devoir d'excommunier Olderic et Richard; il le fit solennellement dans son église-cathédrale en présence des Abbés réguliers, du doyen, des Archidiacres et des Chanoines. Les rebelles méprisant les censures, formèrent le funeste dessein de lui ôter la vie et cherchèrent les moyens d'exécuter leur cruel attentat. Ayant appris qu'il était allé à Manoncourt, village dépendant de l'Abbaye de Saint-Epvre, ils y firent marcher une troupe de séditieux qui ne pouvant pénétrer dans la maison où notre Saint s'était retiré, y mirent le feu. Saint Gérard s'échappa et se réfugia dans l'église voisine où prosterné contre terre auprès de l'Autel, il offrait à Dieu sa vie en chantant ces versets de David : "Le Seigneur est ma lumière et ma force; qui craindrai-je? Si des armées entières se lèvent contre moi, mon coeur ne faiblira pas." Olderic entra dans l'église et trouva notre Saint Evêque dans cette posture humiliée mais au lieu d'en être touché, il s'approcha de lui le poignard à la main et le menaça de le tuer s'il ne lui donnait l'absolution de sa censure. Insensible à ces menaces et résolu de mourir plutôt que de trahir son ministère, le Prélat refusa de l'absoudre et lui fit voir par sa constance qu'on ne pourrait extorquer de lui, par le crime, la Grâce qui ne s'accordait qu'à une sincère pénitence. Olderic fut vaincu par la fermeté de son pasteur et oubliant tout à coup ses injustes ressentiments, il se jeta à ses genoux, lui promit d'exécuter point par point ce qu'il plaisait au Saint Evêque de lui prescrire. Sur ces promesses qui semblaient partir du fond d'un coeur pénitent, Saint Gérard lui donna l'absolution des censures. Mais le repentir d'Olderic n'était qu'apparent : il se révolta de nouveau; de nouveau il fut frappé d'excommunication, non seulement par le Saint mais par tous les Evêques de France qu'on avait assemblés en Concile pour ce sujet. Dieu montra visiblement par l'extinction entière de la famille d'Olderic combien Il approuvait la sévérité du châtiment dont ce seigneur relaps avait été frappé. A la même époque, l'Evêque Théodoric de Metz ayant fait bâtir une chapelle en l'honneur de Sainte Luce dans l’Abbaye de Saint-Vincent de Metz, invita Gérard à assister à la dédicace. Presque dans le temps de cette cérémonie, un comte nommé Sigebert était en guerre avec l'Evêque Vicfrid de Verdun et l'attaqua dans le château de Vendresel près de Sivry-sur-Meuse. Richer, neveu de Vicfrid et Archidiacre de Verdun, y fut tué et l'Evêque fait prisonnier. Le Pape de Rome fut informé de cet attentat. Il adressa son soutien à l'Archevêque Egbert de Trèves et à Saint Gérard pour contraindre le comte Sigebert à réparer l'insulte faite à l'Evêque de Verdun et expier son crime. Après avoir adressé les monitions juridiques à ce comte, les deux Evêques le frappèrent d'excommunication. Sigebert, effrayé, rendit la liberté à Vicfrid, se soumit à la pénitence qui lui fut imposée et paya une somme d'argent qui fut employée à la décoration de la cathédrale de Verdun. L'Eglise de Toul possédait avec les Abbayes de Saint-Mihiel et de Saint-Denis, une partie des terres qui avoisinaient la ville de Bar. Frédéric qui devint quelques années plus tard premier Duc de Lorraine et premier Comte de Bar (959) par suite de son mariage avec Béatrix, soeur de Hugues Capet et nièce d'Othon Ier, avait fait bâtir ou réparer sous l'épiscopat de Saint Gauzelin le château de Bar malgré l'opposition du Roi et de l'Evêque. Saint Gérard s'en plaignit à l'Empereur. Frédéric dut donner à l'Evêque un certain nombre de villages avec les avocaties de Saint-Dié et de Moyen-Moûtiers en échange des terres qu'il possédait dans le Barrois et dont la réunion à la ville et au château de Bar paraît avoir été l'origine de ce comté. 20 A la suite de ce raccommodement et de cet échange, Saint Gérard consacra et en 992 dédia la chapelle du château de Bar à Saint Stéphane/Etienne. Outre la collégiale de Saint-Stéphane/Etienne de Bar, Saint Gérard consacra celle de Lignyen- Barrois sous le titre de la Mère de Dieu et de Saint-Epvre. Il bâtit et consacra un grand nombre d'autres églises dans les paroisses de son diocèse. Sa vénération pour Saint Mansuy et Saint Elophe, deux de ses prédécesseurs, était profonde; il fit faire avec solennité la Translation de leurs Précieuses Reliques. Il avouait souvent qu'il était redevable à leur intercession d'un grand nombre de faveurs qu'il avait reçues du Ciel. Sa dévotion envers la Mère de Dieu d'Ecrouves mérite aussi d'être rappelée en raison du grand nombre de Miracles qui s'y opéraient en ce temps-là. Saint Gérard avait la plus tendre affection pour les Chanoines de sa cathédrale; il leur accorda de grandes faveurs temporelles et les combla de ses libéralités. Il leur permit de disposer de leurs biens soit par testament soit autrement quand même ils décéderaient dans le palais épiscopal ou qu'ils seraient attachés à l'Evêque. Cette affection sincère de Saint Gérard pour ses Chanoines est suffisamment prouvée par tous les monuments qui nous en restent et surtout par son testament dans lequel il les déclare ses vrais et légitimes héritiers et leur donne le village de Tranqueville, tant pour la fondation de son anniversaire que pour l'augmentation de la prébende du doyen avec cette clause qu'ils feraient une aumône extraordinaire aux pauvres le jour de l'ordination du doyen. Cet aspect matérialiste est probablement une des rares zones d'ombres de sa biographie : on sait que les règles monastiques qui s'écartent de la pauvreté évangélique mènent à la ruine spirituelle des Moines. Il en sera de même dans le canonicat.* * En Occident, CANONICAT = titre d'un bénéfice de chanoine. Il y avait autrefois cette différence entre le canonicat et la prébende que le canonicat était simplement un privilège qui donnait une place au choeur et au chapitre d'une église cathédrale ou collégiale tandis que la prébende donnait droit à une certaine portion des revenus de ces églises. Après avoir rempli tous les devoirs d'un Bon Pasteur, le Saint Evêque sentit ses forces diminuer considérablement et qu'il devrait bientôt quitter cette vie. Bien loin de se servir des dispenses que l'âge et la faiblesse auraient pu lui permettre, il redoubla ses austérités pour paraître plus agréable aux Yeux du Seigneur car "il sert peu d'avoir bien commencé si l'on achève mal puisque la Couronne n'est promise qu'à celui qui persévérera jusqu'à la fin. Ne pouvant plus compter que sur quelques jours de vie, il faut que j'emploie ces précieux moments à orner mon âme de vertus et puisque mon corps doit servir de pierre dans l'édifice de la Céleste Jérusalem, il faut tailler cette pierre et la polir par l'Ascèse, si je prétends qu'elle trouve place dans le Ciel. Les Jugements de Dieu sont si redoutables et Son Oeil si pénétrant que la justice la plus parfaite doit trembler devant Lui. Il faut qu'un Chrétien amasse des trésors de bonnes oeuvres afin que la mort lui soit un passage au bonheur des Saints; il faut qu'il sème des pleurs dans le temps s'il veut recueillir des joies dans l'Eternité." Le moment qui devait finir sa vie arriva enfin; il fut révélé à un Ecossais que ce Saint Evêque nourrissait et entretenait dans son palais. Aussitôt cet étranger que Videric, le premier historien de Saint Gérard, dit avoir été un homme de bien, annonça au peuple de Toul avec abondance de larmes la triste nouvelle du trépas prochain de son pasteur. Ce peuple l'apprit avec douleur mais notre Saint n'en fut point ému. Toujours lui-même, il alla au choeur réciter ses Matines avec les Chanoines et s'étant approché de l'Autel de Saint-Blaise pour y dire quelques Psaumes, il fut subitement saisi d'une douleur si aiguë à la tête qu'il crut qu'on l'avait frappé d'un coup de lance. Cette douleur fut suivie d'une si grande faiblesse qu'on le porta dans son lit. Il fit assembler autour de lui son clergé et son peuple pour leur déclarer que l'heure de sa Naissance au Ciel était proche; il les exhorta à l'Amour de Dieu; il leur 21 recommanda l'observance de Sa Loi et leur donna enfin sa bénédiction qu'il étendit jusqu'aux absents. Après quoi, ayant reçu l'Onction des malades et la Sainte Communion, il rendit son âme à Dieu le 22 avril 994, la cinquante-neuvième année de son âge et la trente et unième avec trois semaines et trois jours de son épiscopat. Un clerc de Metz appelé Fulcuin et qui s'était fait Moine dans l'Abbaye de Saiut-Arnoul où il avait vécu dans une grande réputation de Sainteté, étant à l'extrémité dans le temps même que notre Saint Evêque expira, eut une extase, de laquelle étant revenu, il dit aux assistants : "Ah! mes frères, le Ciel est en joie, on y fait une fête extraordinaire car j'ai vu un grand nombre d'esprits bienheureux aller au-devant d'une âme pour la conduire dans la Gloire qu'elle s'est acquise par les travaux de cette vie mortelle." On connut bientôt que l'âme dont parlait ce Moine était celle de Saint Gérard. Le Saint Abbé Mayeul de Cluny qui avait été l'ami de ce Saint, eut aussi une Révélation de sa Naissance Céleste; il l'annonça à ses Moines lorsqu'ils se mettaient à table : "Notre frère l'Evêque Gérard de Toul vient de mourir. Quoiqu'il ait été très vertueux pendant sa vie, il se peut faire qu'il ait besoin de notre secours car on ne peut entrer dans le Ciel sans une grande pureté; prions pour lui." Tous les Moines de Cluny se mirent en prières pour le Repos de l'âme de l'Evêque et l'Abbé lui rendit les devoirs d'un parfait ami. Le bruit de l’Endormissement du Saint Pontife s'étant répandu dans tout le pays, les Evêques et les grands du Royaume de Lorraine voulurent l'honorer en assistant à ses obsèques. Une foule de peuple y accourut de toutes parts et après que les grands et les petits lui eurent baisé les pieds et les mains, le clergé fit la cérémonie de sa sépulture avec tout le faste que le Saint méritait. Il fut inhumé au milieu du choeur de la cathédrale où Frédéric de Void, Chanoine de cette église, a fait depuis lors élever un très beau mausolée de cuivre. La charité qui fut la source des plus grands Miracles que Saint Gérard opéra pendant sa vie, ayant pris de nouveaux accroissements après sa Naissance au Ciel. Son tombeau devint un asile public à tous les malheureux qui implorèrent le secours de sa puissance, trouvèrent aide et protection, soulagement et consolation. Le premier exemple que Videric en rapporte est la guérison d'un paralytique de la paroisse de Saint-Agnant : après avoir raconté en détail ce Miracle et beaucoup d'autres, l'historien ajoute : "Ce Saint a cessé de faire des Miracles lorsque le peuple a malheureusement oublié de rendre à Dieu le culte qui Lui est dû sans vouloir se convertir à Lui par une meilleure vie. Aussi, a-t-on vu depuis ce temps-là que les pestes et les guerres ont affligé cette ville et son territoire; qu'Eudes, comte de Champagne, est entré à main armée dans le Barrois et dans le comté de Toul; qu'il y a porté la désolation et les meurtres; que les Leuquois et les Barisiens furent châtiés par le Seigneur jusqu'en 1038 mais qu'ayant alors eu recours à leur Bienheureux Evêque dans des sentiments de pénitence, il a recommencé à leur faire sentir les effets de son intercession." Cet auteur donne ensuite, entre autres preuves, la guérison d'un aveugle l'an 1050, le jour même que l'on faisait la fête de notre Saint avant son élévation à l'honneur des Autels. Une Sainteté déclarée par tant de Miracles, si connue et si respectée dans le royaume de Lorraine devait porter l'Eglise à mettre Gérard dans le catalogue des Saints. Il demeura néanmoins cinquante-sept ans ou environ sans être "canonisé," comme le disent les Latins, c’est-à-dire publiquement glorifié. Mais Dieu Qui avait couronné dans le Ciel Son serviteur, voulut qu'un de ses successeurs dans l'évêché de Toul lui rendit la justice qui lui était due sur la terre. 22 Léon IX, successeur de Saint Gérard à l'évêché de Toul, fut entre-temps élu évêque et pape de Rome, hérético-schismatique depuis 1054. Bien qu'en devenant évêque de Rome Léon n'aurait pas dû ni pu rester en même temps évêque de Toul, il se fit qu'il occupa les deux sièges. Aussi, c'est en tant que successeur de Gérard qu'il introduisit donc la cause lors d'un concile tenu à Rome en 1050 qui ordonna qu'on ferait sa fête ainsi qu'il paraît dans la Bulle de sa "canonisation" qui se lit tout au long dans le manuscrit de Saint-Mansuy mais dont nous ne donnerons ici qu'un extrait qui terminera dignement la vie de ce Saint Evêque : "Léon l'Evêque, Serviteur des Serviteurs de Dieu,* etc. Peu de temps avant nous, un Evêque nommé Gérard occupait le siège épiscopal de Toul d'où nous avons été tiré pour être promu au siège apostolique de Rome non pas assurément pour nos mérites mais par la Volonté du Tout Puissant Qui dispose de toutes choses à Son Gré. Cet Evêque avait reçu du Père Céleste deux talents : la connaissance du Bien et la pratique de ce même Bien, à l'aide desquels il put comprendre intimement la Loi Divine et l'accomplir en tous points. Il sut faire fructifier les talents que Dieu lui avait donnés; il convertit les âmes en leur annonçant les paroles du Salut et en pratiquant lui-même ce qu'il enseignait, de manière qu'il offrait au Seigneur un double gain, gage des Eternelles Récompenses. Il ceignit ses reins d'une chasteté angélique et porta dans ses mains des lampes ardentes par les exemples de vertu qu'il s'appliqua sans cesse à donner aux autres. Il désirait si vivement s'unir à son Dieu qu'il répétait tous les jours que son âme soupirait après Lui comme le cerf altéré soupire après l'eau des fontaines. Et comme sa vie était l'innocence même, qu'il admettait les pauvres à sa table, qu'il pratiquait toutes les vertus évangéliques et qu'il ne faisait rien, soit en prêchant, soit en enseignant qui ne fût Saint et agréable à Dieu, il obtint de Lui de faire des Miracles dont plusieurs témoins sont encore vivants. Nous avons demandé au synode s'il devait être mis au nombre des Saints. Les archevêques, les évêques, les abbés, les clercs et les laïques ont répondu tous unanimement que Gérard était un Homme Saint et qu'il devait être vénéré comme Saint. En conséquence, nous avons ordonné avec le consentement des pères du concile que dès maintenant il soit tenu Saint et honoré comme tel à Toul, le 9 des calendes de mai comme le sont Saint Mansuy et Saint Epvre et tous les autres Saints par tout l'univers. Nous désirons aller nous-même faire la translation de son corps vénérable et le placer sous un autel particulier pour la plus grande Gloire de Jésus-Christ Qui S'est fait homme pour nous." Léon IX vint en effet à Toul en 1051 pour faire la translation du corps de Saint Gérard, accompagné de l'archevêque Halinard de Lyon; de l'archevêque Hugues de Besançon; de l'archevêque Georges de Colozza; de plusieurs évêques et d'un grand nombre de personnes. Le peuple y était venu de la province en si grand nombre que le pontife papiste dut retarder la cérémonie et ordonner qu'elle se fit de nuit pour éviter les désordres qui accompagnent ordinairement les grandes foules. Le corps de notre Saint fut trouvé incorrompu; il en fut de même de ses vêtements, à l'exception de quelques parties réduites en poudre. Son visage était plus vermeil et plus blanc que pendant sa vie. Cette translation eut lieu le 22 octobre


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